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Alice, notre collègue au mondial de canicross !

Alice est canicrosseuse depuis 9 ans. Et Alice, c’est aussi notre collègue aux machines à l’Herbier. Quand on ne la connaît pas, difficile d’imaginer que lorsqu’elle arrive au travail le matin à 10 h, elle vient de s’entraîner 1 à 2 h et parcourir plus de 10 km en course à pied et autant à vélo. Cette année, après deux ans d’arrêt des compétitions à cause du Covid, Alice a participé au Championnat du monde de canicross ! Waou, quelle expérience !Pour celles et ceux qui ne connaissent pas ce sport, celui-ci se résume par l’union d’un binôme, en l’occurrence un chien et un humain, qui courent dans un effort commun, sur un parcours typé cross. Le couple est relié par une longe, amortie avec un harnais de traction pour le chien et un baudrier pour l’humain.

Les débuts du canicross en France

Dans les Pays du Nord, cette pratique était utilisée par les mushers pour entraîner les chiens l’été. Et c’est dans les année 80 qu’à Lyon, un vétérinaire a lancé l’idée de courir de cette façon avec son chien. Petit à petit des compétitions se sont organisées, des clubs se sont créés ainsi que des fédérations.

Aujourd’hui, la FFST (Fédération Française des Sports de Traîneau) regroupe les disciplines des sports canins de traîneaux, ski joëring et pulka, canicross, cani-VTT et autres. C’est la seule fédération autorisée à organiser les championnats de France. Malgré cela, la plupart des coureurs français et européens sont affiliés à la FSLC (Fédération des Sports et Loisirs Canins). Alice est membre du club valentinois Ardrôme Canicross, lui-même affilié à cette fédération.

Alice et sa pratique

Notre collègue nous explique : « Il y a 9 ans, je n’étais pas sportive du tout. Jamais. Je fumais des clopes et buvais de la 8.6 le soir avec les copains. Mais ce sport me fascinait, j’ai décidé de commencer à courir ». Toute seule, puis aux côtés de ses deux chiens. Un jour, un croisé jagd terrié est arrivé dans sa vie, en famille d’accueil. La rencontre avec Akaï a été le déclic : le jour où Alice lui a enfilé le harnais, elle a su que ce sport était pour elle.

Puis le temps a passé, Akaï a vieilli. Alice est allée chercher Vitalic chez un musher, une chienne Eurohound ou European Sled Dog, spécialement taillée pour le sprint en attelage. « Vitalic, elle aime courir, c’est dans son sang. Aujourd’hui elle sait courir intelligemment, à chaque course elle devient meilleure tacticienne, elle a une formidable capacité d’adaptation ». Alice, après s’être entraînée seule pendant des années, a choisi de faire appel à un coach pour dépasser ses limites. Et pas n’importe lequel : c’est Antony Le Moigne, entre autres double champion du monde et triple champion d’Europe (voir ses titres), qui l’accompagne. Pour l’entraînement de Vitalic, c’est Anne Fulleringer, championne du monde en cani-VTT, qui accompagne Alice dans la préparation de son binôme.

2022 : le championnat du monde !

En décembre 2021, Alice participe aux sélections régionales près de Lyon. Et là, première surprise, elle termine 3ème de sa catégorie ! S’en suivent plusieurs courses préparatoires avant le Trophée Fédéral. Notre coureuse atteint la 12ème place sur 78 dans la catégorie senior femme et 20ème au scratch féminin sur 167. « Le lendemain, un mail m’apprend que nous sommes sélectionnées pour le Championnat du monde de canicross qui aura lieu du 27 avril au 1er mai en Bretagne. C’est incroyable ! ». Alice est très heureuse et décide de solliciter quelques entreprises pour financer son déplacement. L’Herbier du Diois la soutient dans cette aventure. Et quelle aventure ! Une trentaine de nations se sont déplacées, 740 participants, soit un peu plus de 300 en canicross. Cet évènement d’une telle ampleur est exceptionnel en France. La compétition s’est déroulée en deux manches : le samedi matin et le dimanche matin. Initialement, les parcours devaient faire 5,5 km, mais à cause de la chaleur, ils ont été réduits à 3,7 km, pour le bien-être des chiens qui régulent moins la chaleur que nous. Après le top départ, Vitalic démarre comme une fusée. La course se passe très bien malgré les quelques hésitations de Vitalic avant la ligne d’arrivée.« La seconde manche a été folle ! Vitalic est partie comme une tempête et nous avons passé la première bosse à 28km/h ! Elle était dé-chaî-née. ». Durant le parcours, elle double plusieurs concurrentes, prend la tête de la vague, s’arrête à quelques mètres de l’arrivée en pensant que la course et terminée (la foule et les applaudissements l’induisent en erreur), Alice la relance, et elles réussissent à gagner 2 places sur leur classement de la veille. Elles finissent 27ème / 74 en 13’57’’. Bravo les filles, vous avez été incroyables !

Équilibre vie privée/vie pro

Les cycles d’entraînement varient en fonction de la période de l’année. Alice travaille du mardi au vendredi de 10 h à 20 h, et le samedi matin. Ainsi, elle peut s’entraîner en moyenne trois fois par semaine, seule, et Vitalic 2 à 3 fois de son côté elle aussi. Il faut savoir que courir avec un chien fait nécessairement augmenter l’allure naturelle d’un humain. Après des tests VMA (Vitesse Maximale Aérobie), Alice sait qu’elle augmente la sienne de 2km/h lorsqu’elle est tractée par son animal. C’est donc un effort important pour elle, d’où le but de limiter les courses avec le chien pour éviter les blessures.

Alice nous revient après ce championnat le sourire jusqu’aux oreilles : « c’est un plaisir de faire ce sport, et la période la plus intéressante pour moi reste l’entraînement : aller courir dans la montagne avec mes chiens, résoudre des petites choses sur l’éducation, progresser ensemble. Une sacrée belle aventure ! ». Elle conclut : « Au-delà du sport, c’est un mode de vie, une passion qui anime chaque minute de ma vie ».