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La réglisse

Glycyrrhiza echinata L., réglisse sauvage

La réglisse

Glycyrrhiza glabra L.

Leguminosae

– Vous toussez fort, madame
– Oui je suis en supplice
– Vous plait-il un morceau de jus de réglisse ?

Scène V Tartuffe, Molière

La réglisse est un arbrisseau vivace pouvant atteindre 1,5 m de haut. Son système radiculaire est très étendu et ses racines peuvent mesurer plusieurs mètres de longueur. Ce sont ces longues racines, appelées bâtons de réglisse, qui sont utilisées en médecine comme dans l’alimentation.

Son nom botanique, Glycyrrhiza, dérive du grec glykýs pour «doux» et rhiza pour «racine». Ce goût sucré est dû à l’acide glycyrrhizique contenu dans la racine de réglisse dont le pouvoir sucrant est 50 fois supérieur au saccharose.

La réglisse pousse spontanément sur le pourtour méditerranéen, dès l’antiquité les grecs comme les romains en mentionnent l’usage et les vertus.
Théophraste (372-287 av. J.-C.), botaniste et philosophe Grec, écrit que la racine de réglisse « est bonne pour la difficulté de respirer, à la toux sèche et en somme aux maladies de la poitrine ». L’historien Pline (23-79 ap. J.-C.) indique quant à lui dans son histoire naturelle : « Le suc en est très avantageux à la voix ; on le fait épaissir, et on le met sous la langue ».

La réglisse est mise en culture vers le XIIIème siècle dans le sud de la France et entre progressivement dans l’alimentation sous formes de confiseries. La plus ancienne référence apparait au moyen-Age, la grisette de Montpellier, un bonbon à base de suc de réglisse et de miel.

La réglisse entre aussi dans la composition de boisson comme le “coco”, à la mode à Paris durant le XVIIIe siècle, préparée par macération des bâtons de réglisse dans de l’eau citronnée.
En 1898, la direction générale des chemins de fer demande à un pharmacien de Voiron (en Isère), Noël Perrot-Berton, de concevoir pour le personnel « une boisson économique, rafraîchissante et non alcoolisée » afin de lutter contre l’alcoolisme sur les chantiers. Il prépare un concentré de réglisse et d’anis que l’on ajoute à raison de 10 gouttes dans un verre, qu’il nomme l’antésite, du latin ante sitis, ce qui signifie anti-soif, une boisson encore commercialisée de nos jours.

La racine de réglisse s’emploie en phytothérapie pour les problèmes de digestion, les douleurs gastriques, les affections pulmonaires et les maux de gorge. En plus de ses propriétés médicinales, le goût sucré de la racine de réglisse est très puissant et permet de rendre plus agréables les remèdes amers.
En 2013, l’agence européenne des  médicaments a reconnu son utilité dans les inflammations du système respiratoire et l’ulcère gastroduodénal. Attention cependant, la réglisse est contre-indiqué chez les personnes souffrant d’hypertension et une mise en garde est obligatoire sur les produits qui en contiennent une proportion supérieure à 4 g/kg.

En Chine une autre espèce proche est employée en médecine traditionnelle, le réglisse de Chine, Glycirhiza uralensis. Il est considéré comme une des remèdes les plus puissants. Dans le Xing li zhen quan, texte de 1753 du missionnaire jésuite Alexandre Lacharme on peut lire « de toutes les substances médicales Gan cao (la réglisse) est l’empereur … (il) possède le pouvoir d’harmoniser tous les médicaments. »